dimanche 7 septembre 2014

Succès de la manifestation LGBTI à Athènes



Le vendredi 05 septembre, une manifestation a été organisée par un collectif de 11 organisations LGBTQI, de la place Varnava (quartier de Pangrati), jusqu’à Syntagma. Cette initiative répondait à une double motivation. La première était de répondre à une agression homophobe ayant eu lieu sur la place Varnava deux semaines plus tôt ; une quinzaine de personnes avait alors attaqué un couple (dont un immigré), pour des raisons à l’évidence homophobes et racistes. La seconde était de protester contre le contenu d’un projet de loi antiraciste voté le jour même au Parlement, qui dans sa version initiale ne faisait aucune allusion aux violences subies en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. Au cours de l’été 2014, cinq agressions homophobes ou transphobes à Athènes.



La manifestation a réuni plus de 2000 personnes, ce qui constitue une réussite importante pour le mouvement LGBTQI. Au cours de la manifestation, on a pu lire sur le mur d’une Eglise : « Même la Vierge n’était pas normale, puisqu’elle a fait un enfant avec une fleur de lys » ; sur les banderoles : « Mieux vaut être une pédale qu’un facho », « on parle d’amour, on récolte la haine », « mêmes impôts, mêmes droits », « de Thessalonique à Exarcheia, plus d’agressions transphobes, reprenons la rue », « L’antiracisme ça veut dire : des droits pour les LGBT, la régularisation des immigrés, la prison pour les néonazis ».

Le projet de loi est en cours d’adoption jusqu’à mardi prochain.
Photos de la manifestation sur le site féministe Fylo Sykis et le journal en ligne vice.com
Ci-dessous, deux communiqués du collectif et le tract d’ANTARSYA distribué lors de la manifestation.

Communiqué / appel
Vendredi 05 septembre, 17h place Varvana, Pangrati.
Manifestation pour l’antiracisme, le contrat d’union civile, contre les agressions homophobes et transphobes.

Athènes, 2 septembre 2014

Vendredi après-midi, à l’heure où sera voté le projet de loi antiraciste, le Parlement doit être relié à la place Varnava, où à eu lieu la dernière manifestation de haine.
Ces derniers temps, nous vivons dans les rues de notre ville une escalade d’agressions homophobes et transphobes, en plus des attaques racistes désormais endémiques.
Des personnages publics revendiquent le « droit » à la stigmatisation et à la rhétorique haineuse.
La violence raciste se trouve normalisée et l’extrême-droite occupe l’espace public, jour après jour. Désormais, nous ne le ressentons plus seulement dans l’air du temps, mais dans notre chair même.
La ville nous appartiens à toutes et tous. Nous ne voulons pas l’offrir à la violence.
Ce vendredi 5 septembre, à 17h, nous nous rassemblerons sur la place Varnava et nous marcherons jusqu’au Parlement  pour unir les deux lieux et les revendications.
Cet appel s’adresse à toutes et à tous.
Il nous concerne, car ce que nous vivons aura pour aboutissement la stigmatisation de tous.

Aujourd’hui ils sont venus prendre ton voisin.
Demain ?

Organisation :
Réseau LGBTQ d’organisations grecques.

Communiqué / information sur les événements récents :

Les 2 et 5 septembre, le projet de loi antiraciste est discuté au Parlement. Les organisations citoyennes jugent positive l’inclusion de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre dans la définition juridique de l’incitation à la violence ou à la haine, en espérant que celle-ci sera définitivement maintenue.

Cependant le gouvernement grec :

-          Refuse d’inclure des amendements qui étendent le contrat d’union civile (de cohabitation) aux LGBT.
-          Refuse d’adopter des amendements proposés sur la protection des victimes de violences racistes.
-          N’amende pas le décret présidentiel relatif à la mise en place de Bureaux sur la violence raciste de façon à y inclure l’orientation sexuelle et l’identité de genre, et ainsi rendre plus efficaces les enquêtes sur les crimes de haine raciste.
-          Malgré nos demandes répétées et malgré les agressions homophobes et transphobes incessantes qui atteignent une ampleur inédite – rappelons que nous avons constaté cinq agressions homophobes et transphobes au cours du mois écoulé –, il ne prend aucune mesure efficace pour combattre la violence raciste.

Pour toutes ces raisons, les organisations signataires appellent l’ensemble des citoyens souhaitant vivre dans une sociétés ouverte et démocratique, sans discriminations, à manifester pacifiquement avec nous le vendredi 5 septembre sur la Place Varnava où s’est déroulée l’agression homophobe la plus récente. Nous manifesterons ensuite jusqu’au Parlement.

NON A LA VIOLENCE RACISTE ET TRANSPHOBE

NON AU RACISME

EGALITE POUR TOUTES ET TOUS



Tract d’ANTARSYA

COMPLETE RECONNAISSANCE DE NOS DROITS

STOP AUX AGRESSIONS HOMOPHOBES / TRANSPHOBES

Le contrat d’union civile est un oubli de plus dans la longue liste des oublis du prétendu « projet de loi antiraciste ». Oubli, de même que ceux-ci : «  la protection de l’identité de genre, le droit à l’adoption pour les couples homosexuels, la reconnaissance du mobile raciste, la régularisation des immigrés, la nationalité pour leurs enfants » et beaucoup d’autres. De quel antiracisme parle-t-on donc ?

Le gouvernement et ses tribunaux, qui couvrent les assassins fascistes de l’Aube Dorée ne sont ni antiracistes, ni antifascistes. Les uns acceptent les Baltakos (1) dans leurs combines et collaborent avec eux au Parlement pour adopter des mesures et provoquer des licenciements (voir ERT), et les autres retardent leur procès, régularisent leurs actions criminelles : présence des néonazis dans les conseils municipaux et régionaux, et tentative de les ménager en modifiant le code pénal. Les Marinakis (2), qui s’enrichissent avec la crise et financent sous la table les sections d’assaut qui ciblent les antifascistes, les syndicalistes, les immigrés, les LGBTQI, les handicapés ect, ne sont ni antiracistes, ni antifascistes.

Les intérêts de classe de ceux d’en haut, qui imposent les mémorandums, les impôts injustes, les mises en disponibilité et usent de tous les prétextes pour sauver leurs portefeuilles et leurs banques, comme tous ces « oublis » et la couverture des néonazis aujourd’hui encore, un an après le meurtre de Fyssas, constituent l’alibi légal et fondamental de toutes les agressions qu’a subi la communauté LGBTQI ces derniers temps, l’agression contre les deux homosexuels à Pangrati en étant l’exemple caractéristique.

Alliés dans le cadre d’un agenda politique homophobe et transophobe prémédité – visant à diviser ceux d’en bas et à aider l’Aube Dorée à remettre en place ses sections d’assaut dans chaque quartier –, citons l’Eglise (qui est allée jusqu’à stigmatiser les gays), les hommes politiques nationalistes les plus fieffés (Nikolopoulos par exemple) (3), mais aussi et malheureusement quelques cadres et dirigeants, voire partis de gauche (Koutsoumba) (4), qui ne conçoivent pas la participation du mouvement LGBT au renforcement général de la lutte des classes et qui ignorent totalement les revendications des LGBT pour leurs droits. Pour nous qui luttons pour les droits des LGBT, nos alliés sont les mouvements ouvriers et populaires qui luttent contre les licenciements et les contrôles/inspections dans le public, le mouvement étudiant qui lutte contre les exclusions d’étudiants et la présence de capitaux privés à l’université, le mouvement antiguerre, le mouvement antiraciste et antifasciste et l’ensemble de ceux qui luttent contre la politique de misère qu’ils nous imposent.

Nous exigeons l’égalité des droits pour les LGBT et non LGBT sans exceptions, la reconnaissance légale de la famille « multicolore » et la pleine reconnaissance et protection de l’identité de genre sans conditions. Nous l’obtiendrons par la mobilisation et non pas en s’enfermant dans la voie législative. La prochaine étape dans la revendication de nos droits et vers l’unité de l’ensemble de ces mouvements est le 18 septembre à 18h place Tsaldari, pour commémorer la première année après l’assassinat de Pavlos Fyssas et pour exiger de pouvoir fêter la condamnation et la marginalisation des néonazis qui tuent nos frères et sœurs et tentent de nous terroriser dans nos quartiers.

ANTARSYA, Commission genre et sexualité - LGBTQ

(1)    Panagiotis Baltakos, ex-secrétaire général du gouvernement, poussé à la démission après la publication par l’Aube Dorée d’une vidéo compromettante, dans laquelle il s’entretenait en toute cordialité avec le porte-parole néonazi Ilias Kasidiaris au sujet des procédures lancées par la Nouvelle démocratie contre l’Aube Dorée. Depuis, il a par exemple pu déclarer : « Si nous unissons la ND, l’Aube Dorée et les Grecs Indépendants, nous gouvernerons 50 ans. Sinon la gauche gouvernera ». (www.news247.gr , 13 avril 2014).
(2)    Vangelis Marinakis, homme d’affaire (armateur) et président du club de l’Olympiakos, a fait élire un de ses affidés à la tête de la municipalité du Pirée lors des dernières élections. Une partie importante de l’électorat de l’Aube Dorée s’est reportée sur son candidat.
(3)    Député de la Nouvelle Démocratie.
(4)    Secrétaire Général du KKE